le temps sont des pierres que l'on égrènent...
Le temps sont des pierres que l'on égrènent. Les jeter dans la mare. Avant même de les avoir usées. Les jeter pour troubler l'ordre des choses. Les eaux troubles se rient de ces actions inutiles. Les pierres se perdent dans leurs ventres toujours insatiables et insatisfaits. Elles coulent au fond sans même faire de ricochets. Les actions médiocres ne connaissent pas la beauté du geste. Elles ne sont que des échecs, des erreurs, des déceptions.
Alors, les jeter dans la mare. Tapissant le sol d'une couche immonde d'actions médiocres. Le jeteur de pierres est seul et lâche. La complaisance d'une action médiocre sans jamais vraiment tenter le bel exploit. Les ricochets. Les ricochets du temps qui s'étend, du temps qui rebondit en actions nouvelles.
Le jeteur de pierre est aveugle. Aveugle de ses moyens, aveugle de l'infinie des possibilités. Il ne fait que jeter ses pierres, une à une. Il croit se délester alors qu'il s'enfonce. Il coule dans les eaux troubles du temps aliéné. Il oublie ses rêves, il oublie sa liberté. Il ne garde que ses souvenirs qu'il lui faut jeter dans les eaux troubles. Il croit les jeter, mais ne les jette jamais. Incrustées sous sa peau, comme des bleus invisibles à l'il nu.
L'il nu, l'il qui ne verrait ni pierre ni eau trouble ni action médiocre. L'il nu qui se tourne vers l'inconnu. L'inconnu paisible et surprenant.
Alors il y a le porteur d'eau et le jeteur de pierres. Le porteur d'espérance et le porté disparu. L'il nu et l'il crevé.