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La pylul à mémé
15 mai 2005

"Punishment Park"

il y a des samedis comme ça, où il pleut, où on a envie de pas grand chose, sinon peut être combler ses lacunes cinématographiques... car il n' est jamais trop tard... 

"Punishment Park"

Docu fiction de Peter Watkins (1971)

punishment_park

En 1970, la situation au Vietnam s’aggravant et la contestation nationale et mondiale étant unanime, le président Nixon décrète «  l’état d’urgence » et, c’est le présupposé du film, met en application le « Mac Carren Act » , loi d’exception votée en 1950, elle autorise le gouvernement fédéral à placer en détention toute personne susceptible de mettre en péril la sécurité intérieure….

Un tribunal sommaire est mis en place dans une zone désertique de Californie. Il juge, évalue, les membres du groupe 638, éléments « subversifs », marginaux et révolutionnaires, représentant différents mouvements, différents mais semblables dans la contestation de l’ordre établi. Pacifistes ou non, ils sont invités pour leur « défense » à justifier, expliquer leur engagement. S’ensuit un dialogue de sourd face à ces magistrats garants de la « moralité  républicaine ». Ils sont tous condamnés à des peines allant de 5 ans de prisons à la perpétuité. Une alternative leur est cependant proposé: 3 à 4 jours à «  punishment park »…

Nous suivons en parallèle l’évolution du groupe 637 qui ont choisi l’alternative, «  la seconde chance »… l’absolution… « Punishment Park » : trois jours pour parcourir dans le désert les 85 km qui les sépare d’un drapeau américain à atteindre sous un soleil de plomb ( 44°C ). sans vivre et sans eau. Deux heures après leur départ, une unité de gardes nationaux, une équipe de contrôle d’émeutes urbaines, et trois agents fédéraux sont lancés à leur poursuite. En Jeep… armés … . Une simple sommation de leur part mettra fin à la participation du joueur. La violence de leur arrestation dépendra de leur réaction.

Un contraste s’établit d’amblé entre les condamnés; ils se séparent en trois groupes symboliques: ceux qui abandonnent, ceux qui se révoltent, ceux qui décident d’aller jusqu’au bout… Peu importe le chemin, peut importe le choix qu’ils feront, tous seront abattus, fuyant, combattant, suivant le drapeau( qu’on ne leur laissera pas atteindre), tous seront éliminés dans ce système perdu d’avance, ce jeu sadique, l’illusion de l’ alternative où il n’y a pas de place pour l’existence, si minime soit-elle, et où l’oppression, l’ordre établi d’une certaine  « moralité », des plus puissants, des « balayeurs de la conscience publique » , gagne toujours sur l‘évolution positive de nos vies, vers la paix, la tolérance, l‘assurance des besoins élémentaires de chacun (« nourriture, logement, vêtements », eau…) … ceci par la force… celle des chaînes, des baillons, des armes et ici aussi, déjà, par l’hypocrisie propagandiste, la surinformation et la désinformation des médias… en effet, filmé par la télévision nationale, le procès du groupe 638, appuiera la nécessité de «  l’état d’urgence » sécuritaire appliqué. On ne peut pas regarder ce documentaire fiction sans avoir une petite pensée pour la situation actuelle des usa, doubeliou et son « patriot act » qui n’a rien à envier à Nixon… à quand le « Carlylgate » qu’il dégage?

« Punishment park » et ses balises c’est le monde que nous connaissons, à l’intérieur comme à l’extérieur… dans les viseurs… «  peut importe où »…encore aujourd’hui… peut être s’installe t-il tout juste chez nous…et leurs parcours sont nos parcours… j’aurais je pense, comme tous les jeunes du groupes 638 choisi « punishment park » , sachant comme eux, dans ce choix, dans la musique des coups de feu que l’ont entend au loin, que c’est la mort que je choisi… en luttant à vie…dans le respect et l’affirmation de mes convictions. « plus qu’un engagement à la révolution, un engagement à la raison » dit le poète à l’agonie. Aurais je continué à avancer? Dans l‘espoir… encore et encore continué… jusqu’à épuiser la source de mon âme? Me serais je simplement assise? aurais je tué avant que l’on me tue? je retrouve en chacun…un choix que je peux faire…une lutte que je peux mener…

Notons le choix d’acteurs non-professionnels jouant leurs propres rôles : activistes, militants pacifistes, Blacks Panthers, policiers, représentants de la "Moral Majority »… etc…et un très beau travail sur la photo qui donne à la fiction toute la dimension profonde du documentaire.

Après quatre jours à l’affiche aux USA, le film est depuis interdit de diffusion.

« L’agitation est dans nos murs. Dans nos universités, les étudiants s’ameutent. Les communistes veulent détruire le pays. La Russie nous menace. La République est en danger, de l’intérieur et de l’extérieur. Il nous faut la Loi et l’Ordre pour survivre. »

Nixon (1970)?? Non … Hitler (1932)

Il est des samedi comme ça... où on sert les dents en plus des poings...

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Commentaires
R
Où l'on découvre avec plaisir des analyses et des commentaires de qualité sur la marche du monde et l'occurence de ces petits dérèglements insignifiants à première vue qui finissent par fragiliser sinon faire basculer la société en laissant le champs libre aux partisans de l'ordre sécuritaire, minus habens qui ne disposent que de la force faute de disposer d'un langage pour s'exprimer.<br /> Félicitations pour ce blog!
I
comment peut-il n'y avoir aucun commentaire ici ???<br /> j'espère au moins que certains lisent....et utiliseent ailleurs le fruit de leurs réflexions...
La pylul à mémé
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